Namur possède une longue tradition de la « menterie ».
Successivement depuis 1783, le « Cercle des Canaris », le « Cercle dès Minteûs » et « Li Cabinet dès Mintes » ont regroupés de bons vivants, hâbleurs et raconteurs de « craques ».
Etant donnée l’absence de médias (journaux, télévision, téléphone…) leurs réunions étaient le bon moment pour se transmettre les dernières nouvelles, mais souvent déformées de manière humoristique.
A la manière de Tartarin de Tarascon, l’envie d’enjoliver ses propres exploits ou celle d’ironiser gentiment sur les déconvenues de l’autre étaient bien présentes dans ces rendez-vous populaires.
Raconter une bonne craque, c’est travestir la vérité, sans porter atteinte à quiconque. Ce qui en wallon pourrait se dire :
« Lès mintes, c’èst dès craques sins vènin. Èles ni faîy’nut pon d’twâr aus djins. »
Puis arriva « Moncrabeau ».
A Moncrabeau, en Gascogne, depuis 1748 selon les termes des lettres patentes distribuées aux audacieux qui venaient s’asseoir sur le fauteuil du menteur, l’Académie des Menteurs réunit « tous les hâbleurs, menteurs, nouvellistes et autres personnes qui s’exercent dans le bel art de mentir finement, sans porter préjudice à autre qu’à la Vérité dont ils font profession d’être ennemis jurés ».
Un de ces diplômes est-il arrivé à Namur, un voyageur est-il passé par ces contrées et ensuite par les nôtres ? Nul ne sait répondre avec certitude. Toutefois, en 1843 lors de la création de la Société, le nom de Moncrabeau qui fut choisi par ses fondateurs.
A Namur, ils deviendront les « moncrabeauciens ».
Mais c’est quoi une « menterie »
Une menterie est une histoire « étonnante », qui aura été inventée, en tout ou en partie et qui sera racontée sous forme d’un récit authentique, si possible humoristique. Le contenu doit être crédible et cohérent et peut faire référence à un fait d’actualité.
La menterie, devoir de Molon.
Les fondateurs de la Société imposèrent alors aux candidats Molons de déclamer une « minte » en guise d’examen d’entrée. Cette tradition se perpétue de nos jours et a donné naissance à un concours ouvert au public.
Le diplôme de Molon l’autorise à « mentir » à tous et en tous lieux, sauf à sa femme et sa belle-mère !